Faire pousser sa nourriture - 3/3

Bonjour !

Suite et fin de notre feuilleton jardinier. Pour les retardataires, les précédents épisodes sont ici et là !

Je vous rappelle le programme de la saga :

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PLAN DE LA SÉRIE D'ARTICLES

Faire pousser sa nourriture - 1/3

Introduction : pourquoi faire pousser sa nourriture ?

Le choix des variétés à faire pousser

Le choix des graines

Faire ses semis

Maximiser ses chances de réussite

Faire pousser sa nourriture - 2/3

Obtenir de beaux plants
Techniques d'enrichissement

La mise en terre
Les affinités entre les plantes
L'apport en eau

Faire pousser sa nourriture - 3/3

L'entretien des plants jusqu'à la production
Définitions et techniques de base

Lutter contre les parasites
La récolte

Conserver ses graines pour l'année suivante

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L'entretien des plants jusqu'à la production

Une fois vos plants mis en terre, il ne suffit pas d'attendre en les regardant pousser, il faudra leur apporter un minimum de soins. Je ne vais pas vous détailler les bons gestes pour chaque plante, sinon ce n'est plus un article que je vais écrire mais un livre, et à ce sujet, il en existe de très bien sur le marché. 

Je vais me contenter de généraliser et de vous faire part des basiques pour les légumes les plus courants, afin que vous puissiez mener à bien vos plantations jusqu'à la récolte.

Courgette en croissance

Tomate

- Tailler les gourmands. Les gourmands sont les tiges qui poussent entre la tige principale du plant et les feuilles. Ils produiront eux aussi des fruits, mais ils retardent la récolte. Vous pouvez éventuellement en laisser un, pour monter vos plants sur deux tiges principales, avoir plus de fruits, et échelonner vos récoltes, mais seulement sur les plants les plus vigoureux. 

- Tuteurer. La plupart des plants sont "à port variable", il faut les tuteurer pour éviter qu'ils ne cassent sous le poids de leur propre port. Attachez-les à un tuteur tous les 15cm environ. 

- Vibrer : quand les fleurs sont là, faites les vibrer doucement tous les jours pendant une dizaine de jours minimum, si les insectes viennent à manquer. Cela permettra aux fleurs de se féconder. 

- Traiter : à la bouillie bordelaise ou mieux, en préventif avec du bicarbonate de soude dilué à 1% dans de l'eau, et avec du purin d'ortie et de prêle. 

La bouillie bordelaise est acceptée en bio mais elle est dangereuse pour les vers de terre, mieux vaut s'en passer dans la mesure du possible. Pulvériser le feuillage tous les quinze jours, en veillant à bien traiter le dessous des feuilles.

Salades, radis

- Protéger contre les limaces, bien arroser, et c'est à peu près tout ce qu'il y a à faire !

Haricots à rames, pois, concombres

- Ramer : cela signifie, apporter un support aux plants auquel ils pourront s'accrocher. Ces plantes développent des petits fils qui s'entortilleront facilement autour d'un filet, de tuteurs ou de branches bien ramifiées. Les disposer en petits tipis au-dessus des plants.

- Pour les haricots et les pois : butter. Quand les plants ont 4-5 feuilles, il faut former une petite butte de terre autour de la tige du plant.
- Pour les concombres : étêter au-dessus de la 3e ou 4e feuille, pour accélérer la floraison.

Les pois gourmands s'entortillent autour des tuteurs (branches ramifiées).

Courgette, courge, potirons

- Polliniser manuellement : parfois, il est nécessaire de procéder à la fécondation manuelle de ces plants, quand les insectes pollinisateurs (abeilles, bourdons) viennent à manquer. Sans quoi, vos courgettes commenceront à pousser, mais pourriront sur pied une fois la fleur fanée. Il suffit pour cela de prélever du pollen au coton-tige sur une fleur mâle (une fleur qui pousse au bout d'une longue tige), et de venir le déposer sur les pistils des fleurs femelles (les fleurs qui poussent au bout des courgettes). Ainsi fécondée, la courgette se développera jusqu'à maturité. 

Pommes de terre

- Butter : quand les plants grandissent, il faut les butter afin de maintenir le plant et que les pommes de terre se développent dans l'obscurité. 

- Traiter : comme pour les tomates.

Définitions et techniques de base

Petit glossaire récapitulatif des termes utilisés au jardin (et dans mes articles), pour vous aider à y voir plus clair...

- Biner : casser la surface de la terre par temps sec, pour limiter l'évaporation de l'eau.

- Ramer : placer des supports auxquels les plants vont s'accrocher pendant leur croissance. Ex : tuteurs en forme de tipis, filets... 

- Tuteurer : attacher la plante à un tuteur tout au long de sa croissance, pour éviter qu'elle ne tombe sous son propre poids. 

- Pailler : disposer de la paille (ou du lin, de la tonte de gazon, etc) sur le sol pour ne pas le laisser à nu. Cela permet de limiter les arrosages et la pousse des mauvaises herbes, tout en maintenant la vie du sol.

- Traiter : ici, il s'agit uniquement de traitements acceptés en agriculture AB. Bouillie bordelaise, mais je lui préfère le bicarbonate de soude, anti-limaces si vous en employez, purins de plantes, répulsif à insectes...

- Semer en godets : semer des graines dans des petits pots, pour optimiser les rendements et éliminer certains aléas qui compromettent certaines cultures en pleine terre.

- Semer en pleine terre : semer directement en place.

- Repiquer : pour les semis en godets, il s'agit de les séparer s'il y a plusieurs plants dans le même godet, et de les replanter dans des pots individuels ou directement en pleine terre.

- Damer : tasser la terre, souvent après les semis.

- Butter : remonter de la terre autour de la tige principale du plant, en forme de petite butte. Pour les haricots, les pommes de terre...

Lutter contre les parasites

Aïe aïe aïe, sujet qui fâche ! Le jardinier, mais aussi lesdits parasites. Même si vous êtes vegan, si vous voulez un potager, il vous faudra lutter contre les parasites, sous peine de cultiver pour les nourrir et de ne rien avoir à vous mettre sous la dent. Heureusement, ils ne sont pas tous aussi coriaces que les limaces...

Les rongeurs

Les mulots, musaraignes et autres campagnols ou même les taupes peuvent faire des ravages au jardin, paraît-il. Je n'en sais rien, puisque chez moi, ils laissent tout tranquille. Je touche du bois... 

Cela dit, j'ai mon remède tout trouvé, qui explique peut-être pourquoi mon potager est indemne de tout dégât de leur part :

Une de mes minettes, toujours à l'affût de la moindre bestiole... 

Les limaces

Et là, c'est le drame... Les limaces sont vraiment mes pires ennemies au jardin. Je suis chaque année envahie de petites limaces grises, qui me dévorent tous mes plants de salades et mes radis. J'ai tout essayé, même la méthode criminelle. Rien n'y fait. Alors je me suis fait une raison : je sais que tous les ans, quoi que je sème, je dois prévoir plus large car les limaces viendront se servir... Néanmoins, quelques techniques existent, mais certaines les tuent...

1- Le piège à bière attire les limaces, elles se noient dedans. Problème : la bière attiiiiiire les limaces, depuis loin, très loin. Vous risquez d'être encore plus envahis avec ce piège que sans.

2- Il paraîtrait que le cuivre les éloigne quand elles le touchent. Problème : chez moi, il doit y avoir des limaces mutantes, elles n'en ont rien à secouer. Et surtout, elles passent souvent par en-dessous (les petites grises vivent dans la terre).

3- Il existe des granulés qui les attirent (elles les mangent mais ne meurent pas). Vous les nourrissez avec quelque chose qui est censé être plus appétant que vos plants. Problème : certaines préfèrent malgré tout les jeunes laitues, pas folles les bébêtes...

4- L'abri à limaces, et la récolte : disposez des planches humides dans un coin de votre jardin, les limaces iront s'y réfugier. Au petit matin, soulevez vos planches et dégagez-en les limaces installées. Problème (je vous le donne en mille) : elles reviennent !

En bref, je ne sais plus quoi faire. Je n'aime vraiment pas tuer les animaux, même pour sauver ma pitance, mais je dois vous avouer qu'il m'arrive d'avoir recours au phosphate de fer, ces petits granulés bleus que les limaces apprécient, mais qui les tuent... Autorisé en bio, en se désagrégeant au fil des jours, il apporte des nutriments aux plantes.

Les oiseaux

Ils sont friands de fraises, de cerises, et même de tomates ou de concombre ! La solution la plus simple est le filet, à poser sur les cultures à protéger. Les mailles sont trop fines pour qu'ils passent à travers, et trop larges pour qu'ils s'y coincent.

Les insectes (fourmis, araignées, pucerons...)

Je laisse vivre tranquillement les premières. Elles ne font pas énormément de dégâts, et les araignées sont même des alliées à préserver. Les fourmis quant à elles participent à l'aération du sol en creusant leurs fourmilières, et ne s'en prennent qu'aux tomates et aux fraises. J'en suis envahie, alors il m'arrive d'en éliminer involontairement (en binant, souvent) mais globalement elles ne m'ennuient pas. Je place quelques demis citrons un peu partout aux pieds de mes tomates, c'est un répulsif assez efficace.
Les pucerons quant à eux font beaucoup plus de dégâts et ne sont pas franchement les bienvenus chez moi. Mais en général, je n'ai pas besoin de traiter pour les éliminer, les coccinelles s'en chargent bien mieux que moi ! :)
Si vraiment vous êtes envahis, la solution la plus naturelle est le spray constitué d'eau et de savon noir, à pulvériser sur les pucerons.

Rame de haricot envahie de pucerons.

Heureusement, les coccinelles (ici une larve) ne sont pas loin :)

Les vers (taupins, larves...)

Les taupins sont des plaies. Ils squattent les racines des plants et les mangent, ce qui provoque la mort à petit feu de la plante. Et contre eux, je n'ai pas de remède miracle. Il faut soit les tuer quand vous en croisez, soit attirer les merles avec un cerisier qui leur sera dédié :D
Et oui, les oiseaux adorent les vers en tous genres, alors s'ils trouvent de quoi se sustenter en fruits chez vous, ils multiplieront les passages (surtout après la pluie) et vous débarrasseront d'une bonne partie des vers.
Attention, les vers de terre (lombrics) sont vos alliés au jardin ! Préservez-les au maximum.

Les doryphores

Ce sont des insectes qui s'en prennent surtout aux pommes de terre. Pour les éloigner, vous pouvez cultiver du lin bleu, du datura, des capucines ou du basilic à proximité de vos patates.

Semer des fleurs (ici de la phacélie) attirera de nombreux insectes pollinisateurs, augmentera la biodiversité de votre potager et participera à l'équilibre naturel des populations...

La récolte

Ça y est, enfin ! Vos efforts ont payé, et vous pouvez récolter les premiers fruits de votre travail (expression qui prend tout son sens ici, n'est-ce pas ?) ;)
Quelle joie ! Félicitations si ce sont vos premières récoltes, elles sont la preuve que votre travail a été consciencieux et adapté à la nature des plantes que vous avez cultivées. Ce n'est pas rien !
Encore une fois, mon but ici n'est pas de dresser un inventaire exhaustif des conseils de récolte de chaque légume. Je n'écris pas un livre ! Voici un topo général sur la récolte des principaux légumes :

Tomate

C'est facile : récolter quand les fruits sont arrivés à maturité (se fier à la couleur principalement, mais aussi au toucher, le fruit doit être ferme mais pas dur, souple mais pas mou). Si vous devez vous absenter, n'hésitez pas à récolter un peu trop tôt certains fruits, ils continueront de mûrir après la cueillette pendant quelques jours.

Les premières tomates pointent leur nez, début juin.

Les mêmes un mois plus tard.

Haricots, pois, concombres

Eh bien, là aussi c'est facile... Les concombres se récoltent à point. Les haricots, idem, et pour les pois ou les haricots secs, la gousse est bonne quand elle est bien pleine (au toucher on le sent facilement) et encore fraîche. Si vous attendez trop, elle va commencer à flétrir, il sera trop tard !

Des pois mangetout prêts à être récoltés

Courgette, courge, potiron

Vous pouvez récolter les courgettes encore jeunes, elles seront plus tendres. Vous pouvez même faire d'une pierre deux coups, et récolter les courgettes en fleurs pour les consommer aussi !
Les courges et potirons sont à maturité quand ils ont atteint leur bonne couleur.

Salade, radis

Là aussi, rien de plus simple : quand la salade a atteint une bonne taille, et attention, avant qu'elle monte en graines, il faut la couper. Déguster immédiatement pour profiter de toute sa saveur !

Pour les radis, il suffit de les sortir de terre quand ils ont atteint une taille correcte. Pour le savoir, soulever délicatement les feuilles, vous devriez voir apparaître le haut du radis, qui vous donnera une indication sur le diamètre approximatif de celui-ci. Sinon, fiez-vous aux instructions de vos paquets de graines : radis de 18 jours par exemple...

Des radis tout juste récoltés.

Pommes de terre

Elles sont à récolter quand la partie aérienne de la plante jaunit et commence à se faner. Pour des pommes de terre primeur, récolter quand les fleurs fanent. Pour des pommes de terre de garde, récolter quand le feuillage est totalement jauni et desséché. Compter minimum trois mois après plantation.

Conserver ses graines pour l'année suivante

La cerise sur le gâteau ! Vous vous êtes donné tant de mal, et en plus, vos plants sont magnifiques, quel crève-cœur de les voir partir ! Heureusement, vous pouvez leur donner une seconde vie, en les laissant monter à graines pour en récolter et les semer l'année suivante ! Une noble manière de vous récompenser pour votre travail, et de rendre hommage à ces plantes qui vous ont nourri tout l'été.

Pour récolter les graines de vos plantes, il suffit de les laisser en terre jusqu'à la montée en graines. Pour les laitues, c'est une longue tige qui sortira du cœur de la salade. Idem pour les radis, qui formeront des petites gousses remplies de graines. Pour les courgettes, il suffit de laisser un fruit mûrir (jusqu'à atteindre une taille gargantuesque, si si, je vous jure, ça peut être très impressionnant) et de récolter les graines à l'intérieur. Idem pour les concombres, les tomates, les poivrons et les courges... Pour les haricots, procéder comme pour une récolte de haricots secs, mais laisser la gousse sécher sur pied.

Bref, vous l'aurez compris, pour récolter les graines c'est simple, il suffit d'attendre la maturité totale.
Selon la variété, vous récolterez les graines à la main directement sur la plante (radis, haricots...) ou bien vous arracherez celle-ci et la ferez sécher tête en bas, en ayant pris soin de l'envelopper dans un sac pour les graines tombent dedans (salades, carottes...).
Une fois récoltées, faites-les sécher au moins deux semaines à l'air libre. Puis, conditionnez-les dans des petits sachets en papier, et conservez vos graines au sec, à l'abri des variations de température et de la lumière.

Rendez-vous l'année prochaine...